Il va et vient au fil des saisons comme l’une des grandes tendances intemporelles de la mode. Plus qu’un motif moucheté, l’imprimé léopard (dit aussi panthère) appelle à l’exotisme, au mystère et à la sensualité. Il est devenu l’étendard d’une féminité revendiquée qui s’invite jusque dans notre plus stricte intimité.
Mis à l’honneur par les belles marques sélectionnées avec soin sur Glamuse, partons à la découverte de ce motif pas comme les autres.
📸 Sur la photo de couverture : ensemble lingerie en soie Marjolaine « Panthère »
Une touche de caractère à nos dessous
Difficile de contester la popularité de l’imprimé léopard qui opère un retour remarqué parmi les nouveautés lingerie de la saison… Décliné en plusieurs coloris et sous différentes combinaisons, il confère une allure folle.
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Celles qui en portent ne cherche pas nécessairement à revendiquer un caractère de prédatrice. Par ce choix (plus ou moins conscient), elles font passer un message limpide : « je ne suis pas une proie ». Fort de signification et notamment dans le domaine de l’intime, il inspire encore et toujours les grandes Maisons comme les créateurs.
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Des pièces de homewear féline à nous faire rugir
Plus qu’une simple tendance éphémère (vous l’aurez maintenant compris), le léopard fait partie des essentiels à avoir dans son dressing, au même titre que les rayures et les pois.
Porter l’imprimé animal tout en restant chic à la maison ou de sortie ? Ce motif fétiche des modeuses se révèle finalement assez facile à dompter sans faire de fashion faux-pas, bien qu’il soit sans conteste audacieux. Par petites touches ou en total look, il s’invite en lingerie de nuit ou une tenue de sport pour souligner notre côté sauvage et déterminé.
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Histoire d’un motif symbole de puissance,
apprivoisé à travers les âges
Plébiscité par certain(e)s, autrefois jugé vulgaire par d’autres, l’imprimé léopard ne laisse personne indifférent et puise ses racines dans l’Histoire.
À ses prémices, il est l’apanage de chefs dans certaines cultures subsahariennes, comme les zoulous, qui arborent fièrement la peau de l’animal pour revendiquer sa force, notamment lors de cérémonies. Car, en effet, les félins sont bel et bien considérés comme les rois de la savane sur le continent : rusés, agiles, puissants… De véritables prédateurs, des dominants sans vergogne. Une connexion primitive qui n’est pas sans rappeler que l’Homme se veut triomphant sur l’animal et clame la première place au sommet de la chaîne alimentaire.
Zoulou en costume de léopard, 1853 The Metropolitan Museum of Art, New York
Il prend peu à peu une signification sociale en Europe entre le XIVème et XVIIIème siècle, intimement associé dans l’imaginaire collectif au pouvoir, à la richesse, au luxe et au prestige.
À la suite des expéditions commerciales et coloniales menées par la Compagnie des Indes Orientales qui recensent de nouvelles espèces de faune et de flore, le motif panthère fascine. Artistes et dessinateurs d’étoffe s’en inspirent et l’introduisent alors dans l’ameublement et la mode vestimentaire.
Portrait de Louis XV, atelier de Jean Baptiste Van Loo, 1720-1730 Musée des Beaux-Arts, Château de Blois sur Agence Photo RMN Grand Palais / Portrait de Jean Victor de Rochechouart, duc de Mortemart portant l’Ordre de Saint-Louis, Jean Marc Nattier, 1756, passé en vente chez Sotheby’s en 2012
Tout au long du XIXème et XXème siècle, la peau de panthère tachetée symbolise le triomphe viril sur la bête.
Les hommes européens de la haute société, friands de safaris, aiment à se vanter de leurs exploits de chasse en posant fièrement en photo avec leur trophée. Sa popularité gagne progressivement le cœur de la société prolétaire qui aiment à le retrouver au cirque dans les fêtes foraines et les foires. Lutteurs et « hommes forts » accaparent ces codes de puissance vêtus d’un slip ou d’un justaucorps à l’imprimé léopard.
Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’Hollywood détourne les codes machistes au profit des femmes.
Les Stangannelly, leveurs de poids / William Bankier, leveur de poids, photographies du fond Gustave Soury conservées au MuCEM
Un imprimé devenu féministe, au pouvoir évocateur fort
Après la première guerre mondiale, les femmes de caractère sont soucieuses de se faire entendre et de se faire remarquer. Elles décident alors de s’emparer de ce symbole de puissance devenu un outil d’expression manifeste. Car, en effet, souhaiter s’habiller comme un animal dangereux implique une intention spécifique… La « femme panthère » s’habille pour être vue.
Le comble du chic et de l’opulence de l’époque ? Le manteau en fourrure, à l’instar de l’actrice américaine Marian Nixon qui en 1925 paradait sur Hollywood Boulevard à Los Angeles tenant un léopard dompté en laisse. Joséphine Baker, Rita Hayworth, Liz Taylor, toute une kyrielle d’actrices américaines lui emboîtent le pas. Poussant l’audace encore un cran au-dessus, la pin-up Bettie Page réalise une série de photos où elle porte une petite robe dénudée en peau de léopard dans des décors de jungle. Alors que les clichés sont publiés dans la magazine Playboy en 1954, elle comparait trois ans plus tard devant une commission d’enquête du Sénat contre la pornographie.
Bettie Page, photographie Bunny Yeager, série Jungle Bettie, 1954 sur (© Center for Visual Communication)
Naît alors le mythe de la femme libre, à la sexualité libérée assumée, au sex-appeal « sauvage » qui suscite le désir. Une provocation en période de libéralisation sexuelle pas simple à assumer, car souvent associée aux femmes jugées de petite vertu…
Christian Dior rend ses lettres de noblesse à l’imprimé léopard en le transformant en une matière « chic ». Il y voit l’expression d’une grâce féline et d’une ultra-féminité qui ne s’adresse qu’à la femme sophistiquée. Les collections du couturier français déclinent l’imprimé tout au long des années 1950 et 1960.
POUR EN SAVOIR PLUS
⇒ Comment Christian Dior a-t-il popularisé l’imprimé léopard?
D’autres, comme Balmain et Givenchy, lui emboîtent alors le pas. Fort de son succès, il est adopté par les icônes du style : Jackie Kennedy, Grace Kelly, Audrey Hepburn, Brigitte Bardot…
Le prêt-à-porter s’approprie à son tour l’imprimé léopard qui devient un motif controversé. De luxueux à populaire, il devient l’objet du subversif et de l’extravagance.
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La jeunesse rebelle le détourne à partir des années 1970 pour exprimer la révolte et la transgression.
Repris depuis tour à tour par de nombreuses personnalités du monde de la musique notamment, sa forte identité visuelle en fait une tendance qui va et vient au gré de la mode et des évolutions sociétales.
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L’histoire de l’imprimé léopard est forte de signification. Cependant, une constante demeure : il reste le seul porté par des individus de tout âge et de tout horizon. Il réconcilie les classes sociales, les générations, les Hommes et les animaux.
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