La grande Histoire de la lingerie française (Partie 1)

13 juillet 2022

À l’occasion du 14 juillet jour de fête nationale, Glamuse rend hommage à l’épopée de la lingerie française à travers un savoureux voyage dans le temps… Une rétrospective historique des dessous qui ont couvert, ou découvert, le corps des femmes au fil des décennies.

Dans cette première partie, nous retracerons la période de la Belle Époque jusqu’à l’aube de la Révolution Féministe. Un article co-écrit par notre rédactrice invitée Léa Espitalier*.

📸 Sur la photo de couverture (de gauche à droite) : ensembles de lingerie Chantelle « Waltz », Lise Charmel « Crystal Poésie » et Aubade « Nudessence »

L’avènement de dessous aussi séduisants que « fonctionnels »…

À l’heure où la lingerie sexy se réinvente pour correspondre aux codes actuels, les nouvelles tendances affluent. La séduction dite « féministe et inclusive » est en marche avec pour fer de lance le confort sans concession.

Lise Charmel, Maison Lejaby, Maison Close et bien d’autres… Les Grandes Maisons historiques de la lingerie française comme les créateurs plus confidentiels ont bien  compris tout l’enjeu sociétal avec des collections qui font la part belle aux beautés plurielles. Une (r)évolution qui ne s’est pas faite en un jour…

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Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le mot « lingerie » est un terme générique pour désigner l’ensemble des pièces de tissus existants : de l’habillage (féminin comme masculin) au linge de maison. Ce n’est qu’à partir de 1890 qu’il fait directement référence aux sous-vêtements féminins, raffinés et élégants.

Saut dans le temps : plus d’un siècle du vestiaire intime féminin 

Les prémices de son Histoire en France commence véritablement à la fin du XIXème siècle avec l’évolution d’une corseterie incroyablement sophistiquée.

Ces pièces d’un nouveau genre permettent en effet aux femmes de mouler leurs courbes et sculpter leur silhouette à la manière de celles les plus en vogue de l’époque. Pour ce faire, tous les artifices sont utilisés…

Quand la lingerie flirte avec la mode pour dessiner le corps

Les jupons, autrefois relativement sobres, se dotent de dentelles aux tons doux et à motifs. Les corsets, eux, deviennent des pièces d’une grande technicité de création.

Parés de rembourrages poitrines ou de hanches, ceux-ci permettent de donner l’illusion d’une silhouette en sablier qui évolue au cours des années 1900, inspirée par les courbes sinueuses de l’Art Nouveau, et se transformera en ligne dite « en S ».

Corset "Regina" Corsetier - Vers 1900 (Paris Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris)
Corset « Regina » – Vers 1900 (Paris Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris)

Cependant, cette ligne ondoyante ne perdure pas : les corsets s’allongent, descendant sur les hanches. Le point d’orgue n’est plus de marquer la taille, mais de gommer toutes formes féminines pour une allure plus élancée.

 

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Nous sommes en 1910, la mode des robes Empire règne en maitre en France. Les créations de Paul Poiret ou Jeanne Paquin font perdurer ce nouveau style couture et ne cessent de réinventer le corset au gré des usages.

Une féminité réinventée au tournant de la Première Guerre

L’entre-deux-guerres voit ainsi la femme se métamorphoser : la sylphide de la Belle Époque plantureuse à la taille fine devient une dame élancée et menue.

Le rationnement sur le métal fait tomber le corset baleiné en désuétude, remplacé par la gaine élastique en caoutchouc. Cette dernière agit à la fois sur la taille, les hanches mais aussi le ventre. La mode est aux petites poitrines qui se parent de brassières effaçant toute courbe : la silhouette est androgyne.

Des avancées technologiques notoires au courant du XXème siècle

Avec l’utilisation d’un nouveau matériau appelé « lastex » (mélange de caoutchouc, de coton ou de soie), les sous-vêtements des années 1930 épousent les silhouettes sans comprimer le corps, ni restreindre les mouvements. La marque française Occulta s’empare de cette technologie et crée la gamme de gaine Scandale en 1933.

Côté dessous, c’est le triomphe des culottes courtes. Le soutien-gorge, lui, commence à prendre la forme que l’on connaît aujourd’hui : les bonnets sont indépendants et séparent les seins.

Les années 40 s’offrent une nouvelle féminité. La gaine et le corset sont revisités, grâce à Marie-Rose Lebigot pour Marcel Rochas en 1945 : la guêpière, combinaison d’un soutien-gorge bustier, d’un corset et d’une gaine à porte-jarretelles voit le jour.

Un véritable savoir-faire apporte un grand raffinement à la lingerie de cette décennie.

Le New Look de Dior en 1947 signe la nouvelle allure de la Parisienne : sa poitrine se rehausse grâce aux soutiens-gorge balconnets, la taille est mince et marquée. C’est également l’âge d’Or des bas couture en nylon. Les années 50 suivent l’impulsion des années 40 et rendent la femme plus Glamour que jamais. L’allure s’allonge, les seins sont hauts et exacerbés par les soutiens-gorge « en obus » signés par Maison Lejaby ou Cadolle.

Nous sommes alors aux frémissements d’une vague d’émancipation féminine qui redistribuera les codes. À suivre…

POUR LIRE LA SUITE
⇒ La grande Histoire de la lingerie française (Partie 2) ►


Biographie Léa Espitalier
Étudiante chercheuse en Histoire de l’Art Contemporain à l’Université Toulouse II, Léa Espitalier concentre ses recherches sur l’Histoire de la lingerie, et plus particulièrement sur l’évolution technique et esthétique du 19ème siècle. Corsetière autodidacte et amoureuse de belle dentelle, elle mêle ses connaissances techniques et pratiques à son travail pour parvenir à reconstituer la saga des dessous qui ont, pendant tant d’années, sculptés les corps féminins.

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