La grande Histoire de la lingerie française (Partie 2)

12 août 2022
Découvrez la suite de la grande Histoire de la lingerie française avec Glamuse

Entre excellence du savoir-faire d’artisanat traditionnel et audace de l’industrialisation, la corseterie française est depuis toujours synonyme de luxe et de raffinement. Mais son Histoire retrace aussi celle d’une réalité bien plus complexe

Suite à la première partie qui nous avait transporté à l’aube du 20ème siècle, Glamuse vous invite à découvrir l’évolution de la lingerie des années 1950 jusqu’à nos jours. Un article co-écrit par notre rédactrice invitée Léa Espitalier*.

📸 Sur la photo de couverture (de gauche à droite) : ensembles de lingerie Maison Close « Blue Angel », Simone Pérèle « Karma » et nuisette Marjolaine « Soie Unie »

La lingerie : instrument de l’émancipation féminine

En 2022, il ne fait aucun doute que la lingerie multiplie ses formes et ses styles afin d’allier confort, glamour et surtout inclusivité pour que toutes les morphologies se sentent pleinement maintenues et à leur avantage. Mais il n’en a pas toujours été ainsi…

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En lien étroit avec l’instauration de nouvelles mœurs depuis la période de la Belle Epoque, le rapport social au corps et à l’intimité des femmes a toujours été en constante évolution.

À RETROUVER
⇒ La grande Histoire de la lingerie française (Partie 1)

La silhouette s’affranchit, au grand dam des traditions

Tantôt sinueuse, tantôt droite… La silhouette féminine n’a cessé de se transformer au gré des convenances. Reliquat d’un régime patriarcal étriqué, les us et coutumes ne tardent pas à se libérer de leurs carcans, tout comme les courbes féminines des années 1950.

La mode féminine des années 1950
La mode féminine des années 1950

L’allure de la parisienne avec la poitrine réhaussée et la taille marquée qui faisait autrefois tant fureur est rapidement remplacée par une nouvelle silhouette en marge des mouvement sociaux.

La révolution féministe est en marche

Le bouleversement de l’économie et des mœurs impacte grandement le secteur de la corseterie. Le Mouvement de Libération des Femmes encourage les plus jeunes à l’émancipation du corps. La silhouette se veut libre : la poitrine est naturellement petite, les hanches sont étroites, l’extrême minceur plébiscitée par la nouvelle ligne à la mode voit apparaître le culte de l’apparence juvénile.

Pour autant, la lingerie, bien que moins portée, suit l’esthétique colorée de l’époque. La Maison de lingerie Aubade souffle un air de fraicheur avec de nouveaux imprimés, dans un style sensuel tant inimitable qu’inoubliable.

publicité vintage Aubade lingerie
Aubade est l’une des premières marques à décliner la couleur en lingerie (publicité vintage © Aubade)

Pendant une vingtaine d’années, les dessous recherchent le confort afin de s’adapter au nouveau rythme de vie des femmes en employant une nouvelle matière : le lycra. Cette fibre élasthanne, à l’avant-garde du progrès technique français, devient une référence en lingerie, gage de qualité et de résistance.

Une nouvelle conception moderne de la séduction

La libération des corps marque définitivement l’esprit bohème des années 70. La tendance du « no lingerie » accompagne un art de vivre inédit : le culte du sport et du corps musclé rend la femme puissante et davantage affirmée.

La lingerie : l’instrument d’un nouvel empowerment au féminin

Chantal Thomass arrive sur les podiums en 1976 avec de premières pièces qui marqueront à tout jamais les esprits. Elle crée une lingerie inédite, confectionnée dans des tissus lyonnais de prêt-à-porter, aux saveurs sensuelles et sophistiquées.

« Ma génération ne portait pas de soutien-gorge. Moi-même, je n’en ai pas porté avant d’en avoir créé. Je me disais, c’est dommage de pas avoir quelque chose d’original. Je l’ai fait instinctivement pour moi. J’ai montré cela dans un défilé et c’est parti tout de suite ! » – Chantal Thomass

​1976 : premier défilé et premières pièces de lingerie (© Chantal Thomass)
​1976 : premier défilé et premières pièces de lingerie (© Chantal Thomass)

Ce nouveau corps féminin perdure jusque dans les années 1980, et est mis en valeur grâce à une lingerie au pouvoir érotique.

L’avènement d’une lingerie qui se décline sous toutes les formes

Les dessous sont de nouveau indispensables et revêtent à présent un symbole de pouvoir féminin.

Soutiens-gorge push-up et balconnet connaissent leurs heures de gloire. Les fessiers musclés sont soulignés par les strings et autres slips brésiliens. Les guêpières à jarretelles font leur retour et sont associées à un imaginaire sensuel fort, nostalgie des années 1950.

Publicité de la marque de lingerie Lou (1980)
Publicité de la marque de lingerie Lou (1980)

La lingerie se démocratise et n’est plus aussi intime : elle s’affiche, se montre, s’adapte aux différentes morphologies et préférences. Les spots publicitaires de Barbara ou d’Aubade impriment sur le petit écran des instants qui marqueront cette décennie.
Les années 1990 poursuivent cette lancée : la poitrine est plus que jamais mise en avant grâce au soutien-gorge ampliforme de Wonderbra et son célèbre slogan « Regardez-moi dans les yeux… J’ai dit les yeux… ».

L’ère du « sexy réinventé »

Les années 2000 font prolonger cette tendance avec un minimum de tissu pour un maximum de sensualité. Un état de fait qui en dit long sur l’évolution progressive de la place de la femme et de la notion de féminité au cœur de la société occidentale.

« La lingerie est un marqueur de l’époque, un reflet de l’état d’âme des femmes. Au début du millénaire, le super sexy régnait : le string sortait du pantalon, on devait exhiber son corps parfait. Sous l’influence des mouvements néo-féministes, il y a une petite dizaine d’années, les soutiens-gorge sont ensuite devenus très fonctionnels. (…)

Aujourd’hui, la mise en lumière de la sexualité féminine a changé la donne et a contribué à réinventer la notion de sexy en lien avec cette idée de plaisir pour soi ».

Cécile Vivier Guerin, directrice communication et marketing du Salon international de la lingerie

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Bien dans sa tête, bien dans sa peau… Plus qu’une simple notion, un véritable geste libérateur pour l’affirmation de soi et l’hédonisme. Ce petit « je-ne-sais-quoi » à la française en somme…

Au service de toutes les féminités, retrouvez sur Glamuse le meilleur de la lingerie
pour toutes les silhouettes et toutes les envies


Biographie Léa Espitalier
Étudiante chercheuse en Histoire de l’Art Contemporain à l’Université Toulouse II, Léa Espitalier concentre ses recherches sur l’Histoire de la lingerie, et plus particulièrement sur l’évolution technique et esthétique du 19ème siècle. Corsetière autodidacte et amoureuse de belle dentelle, elle mêle ses connaissances techniques et pratiques à son travail pour parvenir à reconstituer la saga des dessous qui ont, pendant tant d’années, sculpté les corps féminins.

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